Un peu d'histoire .... À Thiers (Puy-de-Dôme), le plombier Patrick Dabrigeon fait perdurer l'héritage Pfingstag et ses valeurs de proximité

Depuis 1990, Patrick Dabrigeon a repris l’entreprise de plomberie de ses beaux-parents à Thiers (Puy-de-Dôme), avec son épouse. Une succession, basée avant tout sur la conservation d’une identité : celle d’un nom, associé à une relation de confiance et de proximité entre l’entreprise et ses clients.

« Successeur Pfingstag. » C’est le nom affiché fièrement au côté de celui de Patrick Dabrigeon, plombier et chauffagiste à Thiers. Un nom qui signifie beaucoup, voire tout, pour celui qui est désormais à la tête de l’entreprise depuis 30 ans. « On a voulu garder cette identité », affirme celui-ci.
Cette identité, c’est d’abord celle de Raymond Pfingstag, le fondateur de l’entreprise en 1962. Parisien de naissance, c’est à son mariage avec une Thiernoise qu’il viendra faire sa vie dans la cité coutelière. Il restera à la tête de son entreprise, alors Ets Pfingstag, jusqu’en 1978, année de son décès. C’est alors son épouse, Adrienne, qui décide de continuer de faire vivre cet héritage. « Elle travaillait déjà un peu dans l’entreprise », explique Marie-Pierre, fille de Raymond et d’Adrienne Pfingstag.

« On ne voit pas que tout peut s'arrêter »

Désormais seule aux manettes, celle-ci se concentre sur la gestion, l’administratif, le travail à l’accueil et dans les bureaux. Mais rapidement, le besoin de renforcer son équipe se fait sentir. Et c’est en 1983, en faisant appel à ses connaissances au sein de son syndicat professionnel, qu’on lui recommande un certain Patrick Dabrigeon, alors plombier chauffagiste à Clermont-Ferrand. « Je suis arrivé dans l’entreprise pour six mois, le temps de certains chantiers, explique ce dernier. Je suis ensuite retourné chez mon patron à Clermont mais en 1984, il a décidé de s’arrêter. Et Adrienne m’a rappelé pour me proposer un poste plus pérenne. »

 

C’est ainsi qu’en 1985, Patrick Dabrigeon arrive définitivement dans l’entreprise d’Adrienne Pfingstag. Marie-Pierre, sa fille, viendra pour sa part épauler sa mère au bureau à la fin des années quatre-vingt, alors que cette dernière rencontre quelques problèmes de santé. « C’est étrange parce qu’on est tellement pris par le travail, qu’on ne voit pas forcément que tout peut s’arrêter », se souvient Marie-Pierre. C’est pourtant ce qu’il va se passer, en 1990, alors qu’Adrienne décide de prendre sa retraite. Mais pour Patrick et Marie-Pierre, désormais en couple, pas question d’abandonner l’entreprise. « On avait une clientèle fidèle, que l’on avait reprise. Même si je n’étais pas parti pour reprendre, c’était dommage que tout cela s’arrête », assure Patrick Dabrigeon. Leurs clients, c’est d’ailleurs aussi pour eux que Patrick et Marie-Pierre ont fait le choix de poursuivre l’aventure familiale. « Certains nous disaient : “Ce n’est pas vrai, ça ne va pas s’arrêter ?” C’était touchant », se souviennent-ils.

 

L’entreprise, devenue entreprise Patrick Dabrigeon, gardera, en plus du nom de Pfingstag, la même structure de travail, « une personne disponible à l’accueil, et quelqu’un sur le terrain, qui ne soit pas dérangé par le téléphone », explique Marie-Pierre. C’est ainsi que celle-ci a pris la place de sa mère, dans les bureaux.

 

Mais tous deux affirment que cette passation s’est faite en douceur. « Je travaillais déjà depuis cinq ans dans l’entreprise, donc ce n’est pas comme si on partait de rien. Et la confiance était déjà installée », confie Patrick Dabrigeon, qui a toujours pu compter sur la fidélité de ses clients. « On a reçu l’entreprise de la génération avant nous, mais vous savez, même les clients on les connaît de génération en génération. On a eu le père, qui connaissait Pfingstag, puis le fils et parfois même les petits enfants maintenant… Je me souviens d’un client, je voyais son gamin faire du skate à 6 ou 7 ans. Aujourd’hui, c’est lui qui fait appel à moi. Je lui ai dit “bon, on peut se tutoyer, je t’ai vu, t’étais haut comme ça”. On a beaucoup de chance d’avoir une relation presque amicale avec eux. »

« Quand on a cette confiance, c'est aussi une sorte de pression »

Car le couple en est persuadé, l’ADN de leur entreprise, la famille et la proximité, c’est avant tout ce que recherchent leurs clients. « Comme on dit “c’est mon médecin, c’est mon coiffeur”, on voit que pour certains, c’est aussi “mon plombier”. On a cette chance d’être dans une petite ville, où tout le monde se connaît : 90 % de notre activité est sur le bassin de Thiers. Le plus loin que l’on ait été, c’était à Toulon, pour un ancien Thiernois qui avait déménagé, et qui a continué de faire appel à nous là-bas. Alors bien sûr, quand on a cette confiance, c’est aussi une sorte de pression ! », confie Marie-Pierre.

 

Fier de cette confiance, qu’il a su maintenir, le couple n’a pas de doute quant à l’avenir de l’entreprise. Et espère pouvoir eux aussi, passer la main, tout autant en douceur, quand l’heure sera venue. Mais pas tout de suite ! « On n’arrête pas comme ça, sourit Patrick Dabrigeon. À un moment, ça devient un peu comme notre bébé. Mais on va tout faire pour qu’il y ait une suite. »

 

« Vous savez, on est un peu comme un président d’association, qui est le garant pendant un certain temps, avant de passer le flambeau. Il faudra qu’il y ait cette articulation », complète Marie-Pierre, qui n’imagine pas cette entreprise, qui aura 60 ans l’année prochaine, s’arrêter en si bon chemin.

Source : La Montagne