« On ne voit pas que tout peut s'arrêter »
Désormais seule aux manettes, celle-ci se concentre sur la gestion, l’administratif, le travail à l’accueil et dans les bureaux. Mais rapidement, le besoin de renforcer son équipe se fait sentir. Et c’est en 1983, en faisant appel à ses connaissances au sein de son syndicat professionnel, qu’on lui recommande un certain Patrick Dabrigeon, alors plombier chauffagiste à Clermont-Ferrand. « Je suis arrivé dans l’entreprise pour six mois, le temps de certains chantiers, explique ce dernier. Je suis ensuite retourné chez mon patron à Clermont mais en 1984, il a décidé de s’arrêter. Et Adrienne m’a rappelé pour me proposer un poste plus pérenne. »
C’est ainsi qu’en 1985, Patrick Dabrigeon arrive définitivement dans l’entreprise d’Adrienne Pfingstag. Marie-Pierre, sa fille, viendra pour sa part épauler sa mère au bureau à la fin des années quatre-vingt, alors que cette dernière rencontre quelques problèmes de santé. « C’est étrange parce qu’on est tellement pris par le travail, qu’on ne voit pas forcément que tout peut s’arrêter », se souvient Marie-Pierre. C’est pourtant ce qu’il va se passer, en 1990, alors qu’Adrienne décide de prendre sa retraite. Mais pour Patrick et Marie-Pierre, désormais en couple, pas question d’abandonner l’entreprise. « On avait une clientèle fidèle, que l’on avait reprise. Même si je n’étais pas parti pour reprendre, c’était dommage que tout cela s’arrête », assure Patrick Dabrigeon. Leurs clients, c’est d’ailleurs aussi pour eux que Patrick et Marie-Pierre ont fait le choix de poursuivre l’aventure familiale. « Certains nous disaient : “Ce n’est pas vrai, ça ne va pas s’arrêter ?” C’était touchant », se souviennent-ils.
L’entreprise, devenue entreprise Patrick Dabrigeon, gardera, en plus du nom de Pfingstag, la même structure de travail, « une personne disponible à l’accueil, et quelqu’un sur le terrain, qui ne soit pas dérangé par le téléphone », explique Marie-Pierre. C’est ainsi que celle-ci a pris la place de sa mère, dans les bureaux.
Mais tous deux affirment que cette passation s’est faite en douceur. « Je travaillais déjà depuis cinq ans dans l’entreprise, donc ce n’est pas comme si on partait de rien. Et la confiance était déjà installée », confie Patrick Dabrigeon, qui a toujours pu compter sur la fidélité de ses clients. « On a reçu l’entreprise de la génération avant nous, mais vous savez, même les clients on les connaît de génération en génération. On a eu le père, qui connaissait Pfingstag, puis le fils et parfois même les petits enfants maintenant… Je me souviens d’un client, je voyais son gamin faire du skate à 6 ou 7 ans. Aujourd’hui, c’est lui qui fait appel à moi. Je lui ai dit “bon, on peut se tutoyer, je t’ai vu, t’étais haut comme ça”. On a beaucoup de chance d’avoir une relation presque amicale avec eux. »